Nous avons cette année, grâce au CLEA organisé par la Porte du Hainaut, collaboré avec Julien Emirian, artiste des mots du collectif « Détournoyment, Théâtre tout terrain ».
Nos séances de créativité ont vu naitre l’histoire, l’origine peut-être…du site de l’Espace Ernest Janiot.
Chaque étape du processus créatif fut enrichie par la personnalité emplie de fantaisie de Julien.
C’est ainsi que jaillit l’idée de vous le faire découvrir via une interview.
L’interview de Julien EMIRIAN
- Comment te décrirais-tu ? Un humain de presque 46 ans, père de trois enfants, comédien de théâtre de rue formé à l’improvisation théâtrale, diabétique et avec un début de calvitie, fan de Paul McCartney et ukuléliste amateur.
- Qui t’a donné le goût des mots ? Et à quel âge ? Je ne m’étais jamais posé cette question ! Merci ^^ Je crois que c’est l’école. J’étais très bon élève et j’ai l’impression d’avoir toujours aimé écrire, dès l’école primaire. Et puis ça s’est fait par sédimentation, par étapes. Avec une formidable accélération à partir de 2012 quand je rejoins Détournoyment et encore plus en 2023 quand j’écris mon premier spectacle en tant qu’auteur Les mots doux. Je ne réponds plus à une commande ; j’assume mon goût pour les mots au-delà de « simplement » les interpréter.
- Quelle a été ta formation ? Ahah, tortueuse. J’ai failli être dentiste, puis prof d’histoire (au sens de la copine de la géographie) et à 25 ans, j’ose enfin dire au monde que je veux être comédien.
- Quel est ton parcours artistique ?Je fais déjà de l’improvisation théâtrale depuis 5 ans en amateur, quand je m’inscris à un cours privé en région parisienne. Je joue un peu en salle, des projets au coup par coup. Puis je découvre la rue en 2009. Et là, coup de foudre absolu. Et je découvre le tout terrain, jouer là où les gens sont et particulièrement les personnes qui ne vont pas voir de spectacles, qui ne s’envisagent pas comme spectatrices, qui pensent que ce n’est pas pour elles, que ça coûte trop cher, qu’elles ne vont rien comprendre…
- Aujourd’hui, comment définis-tu ton art ? J’invente, je joue et je fais jouer des histoires. Un art de la narration ? Avec un goût pour jouer avec le langage donc. Jusqu’à présent, je jouais surtout avec des professionnel•les. Mais de plus en plus, je souhaite créer de manière partagée avec des personnes dont ce n’est pas le métier. Tout le monde a quelque chose à dire et je suis pour que toutes les voix s’expriment, surtout celles qu’on n’entend peu voire pas.
- Quels sont tes projets ? Intensifier le travail de territoire à Roubaix. Depuis 3 ans, j’ai deux collègues en médiation socio-culturelle qui vont chercher les habitant•es isolé•es et on utilise la culture comme outil d’insertion et d’émancipation. Et parallèlement, je suis de plus en plus impliqué dans les fédérations régionales et nationales des arts de la rue, qui œuvrent à influencer les politiques publiques avec ce même esprit basé sur les droits culturels et l’éducation populaire. Des grands mots tout ça, hein ? Mais on y croit sincèrement !