Enfance et handicap : les Papillons blancs du Nord dénoncent les nouvelles coupes du Département ! 

Moment solennel ce mardi matin où plusieurs associations de familles de porteurs de handicap du Nord ont convoqué la presse pour tirer la sonnette d’alarme. 

Depuis le 31 mars, le Département du Nord ne finance plus un service d’aide à destination de parents porteurs de handicap, faisant planer un risque de placement pour leurs enfants. Le ministère affirme avoir trouvé une solution.
Aurélie, maman solo et porteuse de handicap, a témoigné de l’aide précieuse que lui a apportée Isabelle Cacheux, sa conseillère en économie sociale et familiale, salariée du SAAP de Denain, pour sa fille Maëlyne.
La colère est à peine contenue. Alain Croix, président de l’UDAPEI des Papillons blancs du Nord, qui regroupe plusieurs associations de familles de personnes porteuses de handicap, évoque « une situation d’urgence absolue ». Le 31 mars, le Département a mis fin à 22 ans de financement du SAAP, le Service d’aide et d’accompagnement à la parentalité. Pionniers dans cette prise en charge de parents porteurs de handicap, les Papillons blancs du Nord se sont vus retirer leurs 733 000 € de subventions pour faire tourner les neuf SAAP que compte le Nord. Un coup de massue pour les quelque 220 familles, les 283 enfants suivis et les 18 professionnels qui les encadrent.
Si elle ne m’avait pas suivie depuis ma sortie de la maternité, je ne gardais pas ma fille. (Sabrina, suivie par le SAAP de Denain)
Karim, papa porteur de handicap d’un magnifique petit Adam, un an et demi, veut prendre la parole mais les mots s’étranglent. Trop d’émotion. Aurélie, salariée d’un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) et maman solo, a fait le trajet depuis Douchy-les-Mines pour témoigner. Suivie par le SAAP de Denain, elle a savouré chacune des interventions d’Isabelle Cacheux, sa conseillère en économie sociale et familiale, qui la suit depuis plusieurs mois. « Elle m’aide dans les courriers, les sorties, c’est indispensable », confie la jeune femme. Sabrina, salariée dans le même ESAT, est la première à demander le micro : « Si elle ne m’avait pas suivie depuis ma sortie de la maternité, je ne gardais pas ma fille ».
[ Placement systématique de l’enfant ]
« On accompagne la famille de la grossesse ou du désir d’enfant jusqu’aux 6 ans de l’enfant. On anime des ateliers changements de couches, préparation des biberons, avec des outils pédagogiques adaptés », détaille Jennifer Desée, éducatrice spécialisée au sein du SAAP d’Hazebrouck depuis ses 22 ans. Des compétences vastes et sur-mesure pour chaque famille. Car la professionnelle l’avoue : « Avant ce dispositif, c’était le placement systématique de l’enfant quand on était parent porteur de handicap ».
Le Département a décidé de coupes sombres dans l’accompagnement social et médico-social. Mais on sait qu’à terme, cela peut coûter entre 7 et 10 fois plus au Département. Où est la logique ? (Claude Hocquet, président des Papillons blancs du Douaisis)
Les Papillons blancs redoutent d’ailleurs que, faute de suivi de ces familles plus fragiles, il ne redevienne la norme. « Le Département a décidé de coupes sombres dans l’accompagnement social et médico-social. Mais on sait qu’à terme, cela peut coûter entre 7 et 10 fois plus au Département. Où est la logique ? », brocarde Claude Hocquet, président des Papillons blancs du Douaisis.
Les neuf associations nordistes ont sollicité plusieurs fois le président du Département Christian Poiret et Marie Tonnerre, sa vice-présidente en charge de l’Enfance, la famille et la jeunesse. Sans retour selon eux. Ils ont aussi toqué à la porte de la ministre déléguée au Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, également conseillère départementale du Nord. Sans succès selon eux.
[ L’État au secours du Département ? ]
Contacté par nos soins, le ministère a affirmé ce mardi après-midi être porteur d’une bonne nouvelle : « On l’a appris lundi vers 21h30. L’Agence régionale de santé propose une compensation pour 2025. C’est en train d’être finalisé ». L’État pourra pallier les défaillances du Département pour cette année mais « L’ARS ne pourra pas maintenir ce niveau d’engagement sur les autres années », pointe le cabinet de la ministre. Charlotte Parmentier-Lecocq, elle, se désolidarise de Christian Poiret sur ce point : « Je déplore pleinement cette décision du Département qui a fortement réduit son financement cette année. »
Les Papillons blancs espèrent qu’en tirant la sonnette d’alarme une semaine avant le vote du budget au Département, Christian Poiret pourrait à terme faire machine arrière… à l’instar d’autres dossiers comme celui des éducateurs de rue.
CREDITS PHOTO BAZIZ CHIBANE
ARTICLE : LA VOIX DU NORD


